Le Chemin Octuple
Bouddha a enseigné le Chemin Octuple à ses disciples et a énoncé qu’en suivant cette voie, ils pourraient mettre un terme à leurs souffrances.
Ce Sentier Octuple, tel que proposé par le Bouddha, guide naturellement l’être humain vers la réalisation de l’Éveil spirituel, du Nirvana, en le libérant de ses attachements et ses illusions, et ainsi l’aide à comprendre la vérité innée de toutes choses.
Le Bouddha a beaucoup insisté sur l’application des enseignements car le plein Éveil ne peut être réalisé par la pratique, et non pas par la compréhension intellectuelle.
L’octuple sentier proposé par le Bouddha implique l’adhésion à:
1. La vue ou vision juste
Ce que l’on appelle « vues” sont en réalité un ensemble de croyances, d’associations mentales et de doctrines internes qui représente notre vision de la vie, et qui nous conditionne face à nos décisions, nos aspirations et nos actes.
Traditionnellement, la vue juste, c’est ce qui relie les deux composantes du Bouddhisme, soit la doctrine et la pratique.
Cette vision juste débute généralement par une compréhension intellectuelle des Quatre Nobles Vérités, puis se pratique concrètement en commençant par « voir » dans nos vies l’insatisfaction, l’impermanence et de la vacuité de toute chose.
Dans le Zen, au travers de la pratique de la méditation, les vues justes, c’est-à-dire celles qui reposent sur la véritable nature des choses apparaissent naturellement et avec le temps, remplacent nos vues erronées qui proviennent d’une vision de la réalité déformée par le désir, l’aversion et l’illusion.
Le Bouddha affirme que rien n’est plus responsable de la souffrance et de l’attachement que les vues erronées, et qui rien n’est plus générateur d’états profitables et de bonheur que les vues justes.
2. La pensée ou l’intention juste
La pensée juste, c’est une pensée non conditionnée, libre, dépouillée d’avidité, de jalousie, de colère, de haine et de cruauté.
C’est cette intention qui détermine si nos paroles et nos actions vont engendrer du bon ou du mauvais Karma.
Ce que l’on appelle la pensée juste, ce n’est pas une pensée dogmatique, c’est au contraire une pensée qui est la pure expression de la compréhension juste, de l’Éveil spirituel, de l’esprit du Bouddha.
C’est donc une pensée qui se veut être l’expression du cœur, de la compassion, de la bienveillance.
Le Bouddha parle de l’importance de développer ces trois principales ‘intentions justes qui sont l’intention de renoncer aux désirs, l’intention de renoncer à l’aversion et finalement l’intention de renoncer à la colère et à la violence.
3. La parole ou discours juste
La parole ou la communication verbale est une chose avec laquelle nous sommes engagés presque à tout moment, or, celle-ci doit être mise sous l’influence, sous le contrôle de la vie spirituelle.
Bouddha demande à ses disciples et aux laïcs de s’abstenir de dire des mensonges, d’éviter de calomnier, d’éviter de parler de façon haineuse ou injurieuse, d’éviter de parler de façon grossière, d’éviter les paroles frivoles ou le bavardage futile.
La parole juste, nous permet de nous exprimer d’une manière noble, vraie et authentique et s’avère être créatrice d’harmonie.
4. L’action juste
L’action juste, bien que directement liée à l’intention juste et à la parole juste, nous fait agir dans le respect de l’autre et de soi-même, en évitant de créer de la souffrance tant pour soi que pour l’autre.
L’action juste est l’action qui respecte les préceptes et qui n’est rien d’autre que l’expression de l’Éveil.
L’action juste est en parfaite harmonie avec le moment présent, ici et maintenant, et s’exécute sans égo, dans le non-attachement le plus complet sans que personne ne s’approprie son accomplissement ou ses résultats.
Traditionnellement l’action juste, selon Bouddha, représente les préceptes de base que les bouddhistes laïcs doivent observer afin de bien progresser sur la voie: s’abstenir de tuer, s’abstenir de voler, s’abstenir de mentir, s’abstenir d’une conduite sexuelle illégitime et s’abstenir d’intoxicants (alcool, drogue,…).
En résumé, l’action juste, vise à nous faire véritablement actualiser notre pratique et cultiver la bienveillance et la compassion envers tous les êtres, quels qu’ils soient.
5. Les moyens d’existence justes
En fixant cette ligne directrice, le Bouddha conseille à ses disciples de gagner leur pain et leur beurre avec droiture, sans avoir recours à des activités illégales et infâmes. Notre travail ne doit pas provenir d’activités basées sur la souffrance d’autres êtres comme la boucherie, le trafic d’êtres humains ou d’armes, la vente de poisons ou de drogues.
6. L’effort juste
L’effort juste, c’est d’abord et avant tout l’effort de mettre en application les enseignements de Bouddha. C’est l’effort de travailler sur soi même afin s’améliorer et de couper avec dukkha, la souffrance.
Chaque instant, chaque action doit être considérée comme une voie de réalisation de soi, favorable à l’Éveil.
Il est très important de rester vigilant, car si nos efforts sont faits égoïstement, avec le but d’atteindre un résultat pour soi même, la pratique risque de se transformer en une sorte de quête de profit, ce qui sera l’opposé de la libération. L’état d’esprit sans but, sans attachement, Mushotoku doit être au coeur de l’effort juste et de la pratique.
7. L’attention ou la conscience juste
Pour le Bouddha, l’attention juste, avec la pratique de la méditation, était la source de l’Éveil. L’attention juste, également appelée ‘pleine conscience’, consiste à être pleinement vigilant, pleinement présent, ici et maintenant, et non pas perdu dans des rêveries, dans l’anticipation ou l’inquiétude, dans le passé ou dans le futur.
L’attention juste c’est la juste prise de conscience des choses et de soi, de son corps, de ses émotions, de ses pensées, mais aussi des autres, de tout ce qui nous entoure. Être pleinement conscient, pleinement présent, c’est cesser de juger, cesser de faire des catégories et cesser de s’attacher à ses propres opinions.
L’attention juste sur le moment présent apporte un grande satisfaction car l’esprit perd son attachement et cesse son désir d’avoir.
8. La concentration ou la méditation juste
Ce huitième et dernier principe énoncé par le Bouddha est fondamental pour la pratique correcte de la méditation. Zazen est le seul moyen d’atteindre la concentration juste dans le Zen. La concentration juste est le plus important de tous les aspects énoncés dans le chemin octuple noble puisque sans la pratique de la méditation, le Zen devient une sorte de jonglerie intellectuelle sans profondeur.
La méditation juste se caractérise, entre autre, par:
– l’abandon des trois poisons qui sont l’ignorance, l’avidité et la colère, puis, de tous les états néfastes et états conditionnés,
– un retour à l’instant présent,
– un détachement face au mental et aux pensées,
– l’abandon de la conscience personnelle.