L’histoire du Zen
Il y a longtemps en Inde, résolu à se libérer du problème de la souffrance humaine, le Bouddha, assit au pied d’un arbre, réalise l’Éveil tout en pratiquant Zazen.
Le Bouddha réalise intuitivement que même si nous possédions tout ce que nous désirons, nous serions encore insatisfaits. C’est parce que le vrai bonheur ne dépend pas de ce que nous avons mais de ce que nous sommes.
Le Bouddha nous a laissé un enseignement, une pratique et une doctrine que tout le monde peut intégrer à sa vie. Cet enseignement est appelé Dharma.
Selon la tradition, la transmission du Bouddhisme Zen s’effectue de maître à disciple et forme une lignée spirituelle ininterrompue qui dure depuis plus de 2500 ans.
Au 6ième siècle, l’enseignement du Bouddha est transmise depuis l’Inde vers la Chine par un moine nommé Bodhidharma (Daruma en japonais).
Depuis sa diffusion en Chine, le Dharma du Bouddha s’y est développé sous le nom de Chan.
Myoan Eisai
Au 12ième siècle, Myoan Eisai (1141-1215), un moine Bouddhiste appartenant à la secte ésotérique Japonaise Tendai, mécontent de l’enseignement Bouddhiste que l’on retrouvait au Japon, est allé en Chine pour y apprendre le « vrai Bouddhisme ».
Eisai se rend en Chine au Monastère Chan du mont Tiantai à deux reprises, une fois en 1168, puis à nouveau en 1186. Il y apprend le Bouddhisme authentique de l’école de Chan.
Il y entreprit une étude rigoureuse de la secte Chan de l’école Linji (Rinzai en japonais) sous la tutelle du maître Xuan Huaichang (Koan Esho en japonais).
Il a est le premier moine Japonais à recevoir le inka, un document important le certifiant comme étant officiellement reconnu en tant que maître de Chan.
En 1191, Eisai retourne au Japon, et y rapporte avec lui non seulement les enseignements du Bouddhisme de l’école Rinzai, mais également la pratique de l’art du thé, qui s’avère être à l’époque un support aux moines pour la pratique de longues heures de méditations.
Eisai fonde le premier temple Zen du Japon, Shofuku-ji, sur l’île de Kyushu. Il évite d’abord Kyoto, la capitale de l’époque, en raison de la forte opposition des anciennes écoles Shingon et Tendai face à ses enseignements Zen.
Plus tard, Eisai passe le reste de sa vie à enseigner et à répandre le Bouddhisme Zen dans les principaux centres politiques et culturels du Japon, soit Kyoto et Kamakura.
Dogen Zenji
Dogen Zenji (1200-1253), l’homme qui deviendra plus tard connu sous le nom du plus grand maître Zen du Japon, débute sa vie spirituelle à un jeune âge, comme moine Bouddhiste de l’école Tendai sur le mont Hiei, près de Kyoto.
Très tôt, Dogen est perturbé par le concept « d’illumination originelle » de l’école Tendai qui affirme que l’illumination est inhérente à tous les êtres. Dôgen se demande alors, si tel est le cas, pourquoi tous les Bouddhas (passés présents et futurs) cherchent-ils l’illumination puisque celle-ci est déjà en soi?
Incapable de trouver la réponse à sa question dans l’école Tendai, Dogen va il étudier le Bouddhisme de l’école Rinzai avec maître MyoZen, un disciple de maître Eisai. Après un certain temps passé à l’école Rinzai, Dogen est fortement insatisfait de la grande dépendance aux koans (un paradoxe sur lequel méditer) dans la tradition Rinzai.
En 1217, toujours à la recherche d’une réponse, Dogen entreprend le long et périlleux voyage vers la Chine, la «capitale Bouddhiste» de l’époque, comme avait fait Eisai des années auparavant.
Non seulement Dogen trouve réponse à la question qui le tourmentait, mais également, sous la tutelle de son maître, il réalise l’Éveil durant Zazen.
Une fois en Chine, Dogen va de temple en temple, et finit par trouver maître Rujing (Nyojo en japonais), le 13ième patriarche du Bouddhisme Chan de l’école Caodong. Maître Nyojo lui enseigne que le Bouddhisme authentique, tel qu’enseigné par le Bouddha lui-même, c’est shikantaza, tout simplement pratiquer Zazen, ici et maintenant. Après tout, c’est par la pratique de la méditation que le Bouddha atteint l’Éveil.
Non seulement Dogen trouve réponse à la question qui le tourmentait, mais également, sous la tutelle de son maître, il réalise l’Éveil durant Zazen.
Il poursuit sa formation spirituelle en Chine pendant deux ans avant de recevoir le Shiho, une série de cérémonies qui implique la réception de la transmission intégrale du Dharma de Maître de Nyojo, le certifiant maître à son tour.
À 28 ans, il retourne au Japon pour y établir et y répandre le Bouddhisme de l’école Caodong, qui allait devenir au Japon le Bouddhisme Zen de l’école Soto. En 1246, il fonde Eihei-ji, le temple principal de l’école du Bouddhisme Zen Soto, à Echizen.
Maître Dogen passe les dernières années de sa vie à enseigner et à écrire de nombreux livres à Eihei-ji. Son chef-d’œuvre, le Shôbôgenzô, est toujours à l’étude aujourd’hui.