Bouddhisme Zen, Maîtres Zen

Qui est Taisen Deshimaru?

Taisen Deshimaru (Yasuo Deshimaru) est né en 1914 dans une famille de samouraï de la préfecture de Saga, située sur l’île de Kyushu, au sud du Japon.

Il est élevé par sa mère, une fervente adepte de la secte bouddhiste Nembutsu, et par son grand-père, qui était un samouraï avant la Révolution Meiji qui a aboli la classe des samouraïs. 

Durant sa jeunesse, Taisen Deshimaru est fortement influencé par l’esprit du Bushido et par les arts martiaux — son grand-père lui enseigne le Kendo et le Judo.

Dans sa jeunesse, il est intéressé par la spiritualité et il étudie d’abord le christianisme. Ses nombreuses rencontres et discussions avec les moines chrétiens, les prêtres et les théologiens le laisse insatisfait. Mécontent avec le christianisme, il revient finalement au Bouddhisme.

N’ayant aucun intérêt pour le Bouddhisme Nembutsu de sa mère, il rentre en contact avec l’école Rinzai du Zen. Il devient rapidement insatisfait de l’enseignement du Rinzai et quitte l’organisation.

En 1935, à vingt et un ans, alors qu’il fait des des études en économie dans une Université de Tokyo, Taisen Deshimaru s’est intéressé profondément au Bouddhisme Zen de l’école à Soto, après avoir rencontré Maître Kodo Sawaki. Il devient rapidement son disciple. Personne ne savait à l’époque que Taisen Deshimaru suivrait fidèlement son maître Kodo Sawaki pendant plus de trente ans.

Après avoir suivi l’enseignement de Kodo Sawaki pendant un an, Taisen Deshimaru désire devenir moine, mais Kodo Sawaki l’encourage à rester un pratiquant laïc. Chaque fois que Deshimaru demande à être ordonné, Maître Sawaki le renvoie en lui disant qu’il devrait continuer à pratiquer Zazen «dans la société». Son maître affirme que le Zen n’est pas séparé de la vie de tous les jours, et que Taisen devrait expérimenter la vie avant d’entrer au monastère.

Après avoir terminé ses études à l’Université, Taisen Deshimaru trouve un emploi en tant que gestionnaire dans une usine de biscuits. Il se marie et le couple a trois enfants.

Durant la deuxième guerre mondiale, juste après que les Japonais eurent attaqué Pearl Harbor Taisen Deshimaru est recruté par l’armée japonaise. C’est à ce moment que lui et son maître se séparèrent. Kodo Sawaki dit à son disciple ces derniers mots: « C’est peut-être la dernière fois que nous nous voyons. Taisen, aime tous les hommes sans distinction de race ou de religion « .

En raison de sa myopie, Deshimaru est retiré du front comme fantassin et est envoyé en Indonésie pour y effectuer des tâches administratives pour l’armée japonaise. Il y reste plusieurs années et échappe de justesse à la mort plusieurs fois.

« Malgré les difficultés reliées au langage, Taisen Deshimaru, rend son enseignement du Zen accessible à l’esprit occidental »

– Fuyu

Lorsque la Seconde Guerre mondiale se termine, Deshimaru rejoint son maître Kodo Sawaki, et le suit jusqu’à la mort de ce dernier, quatorze ans plus tard.

En Novembre 1965, peu de temps avant que Kodo Sawaki tombe malade, Taisen Deshimaru reçoit l’ordination de son Maître. En décembre 1965, alors qu’il est sur son lit, mourant, Maître Sawaki donne le Shiho, la cérémonie de transmission désignant le disciple comme le successeur de la lignée son maître, à Taisen Deshimaru. Ainsi, Taisen Deshimaru devient lui-même un maître dans la tradition du Zen Soto.

Avant sa mort, maître Sawaki exprime son souhait de voir se propager le Bouddhisme Zen à d’autres parties du monde comme Bodhidharma l’avait fait il y a des siècles. Maître Deshimaru décide d’aller en Europe et d’y répandre le véritable enseignement du Zen.

Pour rendre hommage à son maître, Taisen Deshimaru s’assoit en Zazen pendant quarante-neuf jours après la mort de Kodo Sawaki.

En 1967, résolu à répandre le Zen en Europe, Deshimaru confie sa famille dans les mains de son fils et prend le Transsibérien pour la France. Il arrive à Paris sans argent et sans possession, à l’exception de son zafu, et son kesa, celui de son maître et des cahiers de notes. Il ne parle pas français et à peine l’anglais.

Taisen Deshimaru habite à l’arrière d’un magasin d’aliments naturels où il pratique Zazen tous les jours. Il gagne sa vie en donnant des conférences sur le Bouddhisme Zen et en offrant des massages shiatsu.

Malgré les difficultés reliées au langage, Taisen Deshimaru, rend son enseignement du Zen accessible à l’esprit occidental, ce qui est rarement le cas à l’époque, avec les enseignants Bouddhistes.

Impressionné par la personnalité unique et le charisme de Deshimaru Sensei, un nombre croissant de personnes commencent à montrer un intérêt dans le Zen et débute leur pratique avec lui. 

En 1970, Maître Deshimaru créé l’Association Zen Européenne, qui deviendra plus tard l’Association Zen Internationale (AZI). Un an plus tard, Taisen Deshimaru ouvre le premier dojo Zen de Paris, qui est entièrement consacré à la pratique et l’enseignement du Bouddhisme Soto.

Au cours des années suivantes, avec l’aide d’un nombre sans cesse croissant d’étudiants, il créé plus d’une centaine de dojos Zen en Europe et en Amérique du Nord. En 1979, Sensei Deshimaru fonde en France le temple Zen de la Gendronnière, le plus grand temple Zen hors du Japon. Le temple a été officiellement reconnu par les autorités japonaises Soto Zen comme le Temple Chef de l’Europe.

Au début de 1982, Taisen Deshimaru est diagnostiqué d’un cancer du pancréas. Il continue à pratiquer avec ses disciples au cours du printemps de cette année. Il s’envole pour le Japon afin d’y recevoir un traitement médical. Ses dernières paroles à ses disciples furent: « S’il vous plaît, continuez à pratiquer Zazen. » Taisen Deshimaru Roshi est mort au Japon le 30 Avril 1982.

Taisen Deshimaru laisse à ses disciples l’essence du Zen, qui a été transmise de maître à disciple depuis le Bouddha. Son enseignement, très simple et souvent remplit d’humour, était concrète et profondément enracinée dans la vie quotidienne. Comme Dôgen Zenji et Kodo Sawaki avant lui, il a insisté sur l’importance de shikantaza et il a encouragé ses disciples à vivre sans égo, sans intérêt personnel, et de suivre l’Ordre Cosmique, « inconsciemment, naturellement et automatiquement ».

En raison de son caractère unique, de sa pratique du Zen sans compromis, et sa mission de pionnier pour répandre Zen en Europe, Taisen Deshimaru est appelé, dans son pays natal, le Japon, « Le Bodhidharma du 20ième siècle ».